mardi 6 octobre 2015

De l'entourage

6 octobre 2015


Aujourd'hui, suite à une mauvaise nuit, nausée, etc, je n'ai pas arrêté de me réveiller et de me rendormir et ce, jusqu'à 17H30. Une heure après j'étais au café, à moitié dans les nuages, où Tony m'a rejoint. Je ne sais pourquoi, mais il était resté bloqué sur ce que Cynthia avait publié dernièrement sur son blog et se demandait de quoi se plaignait exactement notre entourage, ne se rendant visiblement pas compte qu'ils avaient de la chance de ne pas être en danger de mort, qu'ils devraient justement en profiter, plutôt que de s'apitoyer sur nos sorts. Bref, c'était pour lui une forme de nombrilisme, posant ouvertement la question : pensent-ils notre place plus enviable que la leur ? S'en est ensuivit un débat entre nous où je lui narrait mon point de vue sur la question. Cependant, comme lui, je trouve maintenant stupide que l'autre se ronge le moral et le cœur du fait de notre maladie. Non seulement cela n'aide en rien quiconque, que ce soit de part ou d'autre, mais en plus n'éradiquera rien si cela doit en être ainsi. Aussi, lui disais-je, mon point de vue était qu'il était impossible à une personne n'ayant pas traversé notre expérience de réaliser l'importance de penser à soi, quitte à paraître égoïste au possible, car il n'est qu'alors que nous prenons réellement conscience de ce que signifie la vie, puis vivre, réalisons fondamentalement ce que cela signifie. Comme image, je lui ai donné celle d'une personne qui a toujours été en bonne santé, puis qui tombe un jour malade, une grippe par exemple, cette maladie qui l'handicapera forcément. C'est alors seulement qu'elle comprendra la signification profonde de ce que veut dire « être en bonne santé ». Enfin de compte, auparavant elle était dans l'ignorance, tant de sa condition que de la condition des malades. Certes, intellectuellement, elle pouvait faire la différence entre ces deux états, mais cela ne revient pas à les connaître, ou à se connaître, pour autant. Non, je reste intimement convaincu qu'il y a des expériences qu'il faut avoir vécu pour pouvoir se comprendre et véritablement comprendre l'autre. Si tel n'est pas le cas, surtout face à quelqu'un porteur d'une maladie mortelle, on ne peut qu'être dans le postulat de ce qu'il éprouve, de qu'il ressent, mais quoi qu'il en soit nous sommes à côté de la plaque, inéluctablement. A partir de là, comme on ne peut pas en vouloir à quelqu'un de ne jamais être malade et, donc, d'ignorer ce qu'est la bonne santé et la maladie, je disais à Tony qu'on ne pouvait en vouloir à notre entourage de ne pas comprendre ce que nous attendions d'eux, c'est à dire se prendre en main et continuer à vivre, à construire, seules fleurs, seules pétales, seuls rayons de soleil qu'il peut réellement nous apporter, plutôt que de geindre sur nous ou sur eux-mêmes.

Oui, je pense qu'il y a des expériences impartageables, quelque soit l'empathie que l'on y met. Vous faire voler votre enfant, qu'il soit kidnappé, certes, nous pouvons imaginer la détresse du parent, mais il est clair que nous ne pouvons inventer ce qu'il ressent, que nous sommes là-aussi à mil lieux de ce qu'il vit dans sa chair, dans son cœur et dans sa tête, sauf si on a vécu la même expérience. Donc je n'en veux pas aux gens qui ne me comprennent plus, d'ailleurs je ne l'attend même plus, cela m'indiffère à présent tant je sais que nous sommes dans deux univers mentaux différents, même si cela n'est pas voulu, préméditer ou programmer.

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