mercredi 7 octobre 2015

Echéances

7 octobre 2015


Ce matin je me suis levé relativement tôt, aux alentours de 10H00. De même je me suis tondu ma barbe d'un bon mois et, bientôt, ce sera le tour de mes cheveux afin de les avoir à raz. Comme d'habitude, je suis à la terrasse de l'un des cafés de mon quartier, me demandant où j'irai me poser dans Paris cette après-midi. A côté de ma table sont réunis quatre personnes qui discutent d'un projet immobilier. Franchement, les entendre me saoule tant le sujet ne m'intéresse plus. Comme je disais hier à Tony, plus rien ne m'intéresse, hormis la santé des gens dorénavant, mais tout ce qui fait le reste de notre société ne m'intéresse strictement plus. Tony me répondit qu'il en allait de même pour lui, à ma grande surprise. Dernièrement il a réalisé le rêve de sa vie, à savoir acheter sa maison, mais s'est vite aperçu qu'il n'en éprouvait aucune satisfaction, que c'était finalement insignifiant.

A présent je suis dans le quartier du bld Saint-germain, quartier qui jouxte celui de Saint-Michel. J'ai appelé l'hôpital, mais rien n'est programmé pour moi en l'état. Cependant, dès que le professeur et son équipe auront pris leur décision, je serai averti et aurai un nouveau rendez-vous avec lui. J'ai également appelé le samu social pour mon histoire de logement. Ils m'ont conseillé de contacter directement les travailleurs sociaux de la mairie de l'arrondissement où habite ma mère. Je le ferai peut-être demain.

Je repense à l'hôpital et me demande combien de temps cela va durer. De même, pour mon histoire de logement, cela va duré plus longtemps que prévu, qu'au mois de novembre je serai encore là, voire décembre. Du fait de l'incertitude sur ce que projette le professeur et son équipe pour moi, des délais, j'ai l'impression que je ne vais jamais quitté Paris, que je vais passer mon temps à être en soins, que les nouvelles métastases ne vont pas tarder à se manifester, voire se développent en ce moment-même, que je ne sortirai plus de cette naze. De même, concernant mes tumeurs actuelles, les deux qui grossissent, je ne pressens rien de bon, qu'il s'agisse de radionécroses ou non. Ma belle-mère va quitter sa clinique demain pour retourner et ce, certainement définitivement, dans une maison de  repos médicalisée, celle-là même où elle a passé toute l'année. Fini la chimiothérapie, la radiothérapie, les soins sont définitivement arrêtés, stoppés, c'est l'accompagnement vers la mort qui va être de mise dorénavant, avec un traitement pour qu'elle souffre physiquement le moins possible. Quelque part j'aimerai déjà être dans le même cycle, le même parcours, enfin au bout de la route.

Ah, l'existence ! Je ne sais même plus ce que j'en pense, ce qu'il faut en penser tant plus rien ne me parle dans cette vie, ne me parle au point de me prendre aux trips, ne me parle au point d'avoir envie de durer. Même le plaisir, le véritable, il me semble avoir oublié ce que c'était. J'en ai comme un vague souvenir, mais depuis l'apparition de mon cancer, tout sentiment de ce type a disparu. J'éprouve encore quelques contentements, quelques satisfactions, mais plus le plaisir. Du coup je n'éprouve plus la déception, la vraie là-encore, je ne sais plus ce que c'est. Parfois j'ai des insatisfactions, certes, des irritations, mais tout cela est vite balayé, disparaît vite  de mon paysage, car je ne m'attarde plus sur le désagréable. Est-ce à dire que je m'attarde sur l'agréable ? En tout cas je m'y efforce en recherchant le calme, la paix et, la majorité du temps les trouvant. Pour autant cela ne me transporte plus, mais me permet d'attendre avec une tranquillité intérieure ma fin.

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